Kinshasa, 18 novembre 2025 – L’Assemblée nationale a officiellement déclaré recevable, ce lundi 17 novembre, le projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice 2024, présenté par le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi.
Le texte a été renvoyé à la Commission Économique, Financière et de Contrôle Budgétaire (ECOFIN) pour un examen technique approfondi, avec un délai de rapport fixé du mardi 18 au samedi 22 novembre.
Des performances budgétaires saluées malgré un contexte difficile
Lors de sa présentation, le ministre des Finances a fait état d’une mobilisation solide des recettes publiques pour 2024 :
- Sur une prévision budgétaire de plus de 44 000 milliards de CDF, le Gouvernement a réussi à collecter près de 35 000 milliards CDF, soit environ 80 % d’exécution.
- Les administrations financières ont réalisé plus de 95 % des recettes internes prévues, grâce à un élargissement de l’assiette fiscale, un renforcement des contrôles et une lutte accrue contre la fraude.
Ces résultats sont d’autant plus remarquables que l’année 2024 a été marquée par des défis majeurs : des tensions sécuritaires dans l’est du pays, la poursuite d’un programme économique avec le FMI, ainsi que les répercussions du ralentissement économique mondial.
Réponses aux critiques de la Cour des comptes
Le Gouvernement a apporté des éclaircissements aux observations formulées par la Cour des comptes :
- Concernant les secteurs sociaux (éducation, santé, etc.), le ministère a expliqué que certains dépassements étaient liés à des procédures d’urgence, légalement encadrées.
- Pour les transferts et les subventions, les dépassements budgétaires proviennent essentiellement d’investissements structurants en provinces, notamment des travaux de modernisation des routes destinés à soutenir le développement territorial.
Validation contradictoire avec la Cour des comptes
Des travaux contradictoires entre le gouvernement et la Cour des comptes ont eu lieu fin octobre 2025, selon l’ACP : la Cour a examiné les justifications apportées par le ministère des Finances sur les observations émises. Selon le Premier président de la Cour, Jimmy Munganga, ces échanges ont abouti à un procès-verbal marquant la fin de l’exercice contradictoire.
Prochaines étapes parlementaires
- La Commission ECOFIN doit boucler son examen technique du projet de loi d’ici le 22 novembre, selon le calendrier défini par l’Assemblée.
- Une fois le rapport de la commission rendu, le texte sera de nouveau soumis à la plénière de l’Assemblée nationale pour adoption finale.
Analyse : un signal fort de transparence et de résilience
La recevabilité du projet de loi de reddition des comptes 2024 envoie un message clair : malgré un contexte sécuritaire et macroéconomique complexe, l’État congolais affiche une volonté de rendre compte de sa gestion budgétaire. Le taux élevé de mobilisation des recettes internes montre une avancée notable dans la mobilisation fiscale.
Toutefois, les débats soulevés par la Cour des comptes – en particulier autour des dépassements budgétaires et des procédures d’urgence – indiquent que des tensions subsistent. L’examen par la commission ECOFIN constituera un test crucial de la capacité du Parlement à exercer un contrôle effectif sur les finances publiques.
Rédaction