Un hommage vibrant à la femme noire, entre sacré et révolte
Le Centre Culturel Wallonie-Bruxelles de Kinshasa ouvre ses portes à une exposition d’envergure : Gardienne du Temple, une œuvre magistrale signée Steve Bandoma. À travers cette série, l’artiste congolais explore le rôle fondamental de la femme noire dans l’histoire et la société contemporaine, la représentant tantôt comme un sanctuaire, tantôt comme une force de résistance.
Dans cette odyssée picturale, Bandoma ne se contente pas de célébrer la femme : il questionne, déconstruit et réinvente les symboles qui lui sont attachés. Par une esthétique audacieuse mêlant éclats de couleurs, fragments corporels et références culturelles kongo, il nous invite à repenser la place du féminin dans un monde en mutation.
Avec une touche d’ironie mordante, l’artiste interpelle le spectateur : « Et si on arrêtait de faire n’importe quoi avec le monde ? » L’exposition se veut un espace de réflexion, où chaque œuvre interroge les tensions entre modernité et héritage, puissance et vulnérabilité, oppression et émancipation.
Au fil des salles, les visiteurs découvrent non seulement le parcours de 20 ans d’un artiste en perpétuelle évolution, mais aussi un regard incisif sur notre époque. Peinture, installations, vidéos et sculptures dialoguent dans un langage visuel percutant, où le passé éclaire le présent et esquisse les contours d’un futur à réinventer.
Steve Bandoma ne se contente pas de peindre l’histoire : il la bouscule, la réécrit et la projette vers demain. Gardienne du Temple est plus qu’une exposition, c’est un appel à la conscience, un cri artistique, un hommage puissant.
BIOGRAPHIE : STEVE BANDOMA, L’ART COMME DYNAMIQUE
Né en République Démocratique du Congo, Steve Bandoma est une figure majeure de l’art contemporain africain. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Kinshasa en 2004, il rejette rapidement l’académisme qu’il juge dépassé et s’inscrit dans le mouvement Librisme Synergie, fer de lance d’une nouvelle avant-garde congolaise.
En 2005, il s’installe en Afrique du Sud, où il est influencé par des figures de l’art contemporain international telles que Jeff Koons et par l’avant-garde américaine. Son passage au Cap est déterminant : il y perfectionne son langage artistique et se forge une identité hybride, mêlant peinture, sculpture et installations.
De retour à Kinshasa en 2010, Bandoma s’impose comme un observateur critique de son époque. À travers une esthétique explosive et un regard incisif, il interroge la politique, la culture et l’histoire africaine. Son engagement artistique prend une dimension encore plus manifeste lorsqu’il entreprend de réécrire un Nouveau Code Noir, en réponse aux violences et aux injustices qui pèsent encore sur les sociétés postcoloniales.
Son œuvre, caractérisée par un mélange de chaos et d’humour, est aujourd’hui présente dans plusieurs collections prestigieuses, dont celles du Harn Museum of Art (USA), de la Fondation Alliances (Maroc), de la Collection Pigozzi (Suisse) ou encore de The Robert Devereux Collection.
Un artiste qui repousse les frontières
Refusant tout enfermement stylistique, Bandoma explore sans cesse de nouveaux médiums. Son retour récent à la peinture sur toile marque une nouvelle étape de son évolution artistique. Ses œuvres, peuplées de visages éclatés, de statuettes animées et de fétiches réinventés, traduisent une tension permanente entre tradition et modernité, entre mémoire et renouveau.
Avec Gardienne du Temple, Steve Bandoma réaffirme son rôle d’artiste visionnaire. Il nous rappelle que l’art est une dynamique, un combat, un langage universel capable de bouleverser les consciences et de redessiner l’histoire.
Rédaction
