Kinshasa, 19 août 2025 – La République Démocratique du Congo commémore le centenaire de la photographie (1925 – 2025). À cette occasion, le Monsieur Baudouin Bikoko, enseignant à l’Académie des Beaux-Arts, a livré sur les antennes de la RTNC une analyse sans concession sur l’évolution de cet art en RDC.
De la photographie coloniale à la photographie congolaise
Invité de l’émission Le Panier, le professeur a distingué la photographie au Congo de la photographie congolaise. Selon lui, la première est l’œuvre des missionnaires et colons étrangers, qui utilisaient l’image comme un outil de dévalorisation de l’homme noir.
« Beaucoup d’étrangers ont semé le doute et l’indifférence face aux peuples noirs qu’ils qualifiaient d’abandonnés et sans repères. Dans les anciennes photos, l’homme noir apparaissait toujours nu, sans avenir ni espoir. C’était l’image que les blancs voulaient donner aux Congolais », a-t-il déclaré.
Mais en 1925, avec l’émergence du photographe Samuel Lema, considéré comme l’un des précurseurs, est née la photographie congolaise, une pratique émancipatrice qui a permis aux Congolais de se représenter eux-mêmes autrement.
Un art porteur d’identité
Pour Mr Bikoko, la photographie congolaise est « intelligente », car elle pousse les Congolais à se voir et à représenter l’homme noir de manière différente, loin des clichés coloniaux. Aujourd’hui, plusieurs photographes congolais passionnés de l’image et de l’histoire contribuent à faire rayonner la photographie congolaise en Europe et ailleurs.
Défis et perspectives
Malgré ces avancées, de nombreux défis subsistent.
• L’homme n’est pas encore suffisamment au centre de la photographie, regrette-t-il ;
• L’arrivée du numérique est toutefois perçue comme une opportunité, permettant une plus grande accessibilité et créativité ;
• Enfin, il encourage les parents à considérer la photographie comme un métier d’avenir pour leurs enfants.
Vers une renaissance de la photographie congolaise
À l’heure du centenaire, Baudouin Bikoko appelle à redonner toute sa place à la photographie congolaise, non seulement comme art visuel, mais aussi comme vecteur d’identité, de mémoire et de dignité pour le peuple congolais.
JSuana
