
Les assises de Nairobi, convoquées par Joseph Kabila les 14 et 15 octobre 2025, marquent plus qu’un simple rassemblement du FCC : elles annoncent le retour calculé d’un acteur politique qui n’a jamais réellement quitté la scène. Derrière le calme apparent, se trame une stratégie de reconquête, à la fois idéologique et électorale, face à un pouvoir Tshisekedi fragilisé par ses propres contradictions.
Les conclaves de Nairobi convoqués par Joseph Kabila — ancien président de la République Démocratique du Congo (RDC) — sont perçus comme une manœuvre politique stratégique, notamment en vue des échéances électorales de 2028, mais aussi comme une tentative de repositionnement politique après une période de retrait relatif depuis l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir.
Voici quelques attentes et interprétations possibles :
- Réorganisation du Front Commun pour le Congo (FCC)
Kabila cherche à resserrer les rangs de sa famille politique, éclatée depuis la perte du pouvoir en 2019.
Objectif : redonner une cohésion stratégique et idéologique au FCC pour mieux peser sur la scène politique nationale.
- Préparation des prochaines échéances électorales
Les conclaves pourraient définir une feuille de route pour les élections de 2028.
Cela inclurait :
Le choix d’un futur candidat présidentiel.
Une stratégie pour reconquérir l’opinion publique.
Un plan de reconquête du pouvoir dans les institutions clés (Assemblée, gouvernorats…).
- Un signal fort d’opposition
Kabila envoie un message : il reste un acteur politique de poids, malgré le silence des dernières années.
C’est aussi un défi direct à l’autorité de Félix Tshisekedi, surtout si ce dernier vise un 3e mandat (bien que cela reste hypothétique et controversé à ce stade).
- Un front politique élargi ?
Des rumeurs évoquent des alliances possibles avec d’autres figures de l’opposition ou des déçus de l’Union sacrée.
Nairobi, en tant que lieu neutre et symbolique d’exil ou de négociation pour de nombreux opposants congolais, renforce l’image d’un rassemblement alternatif.
Pour Tshisekedi, ce conclave n’est pas encore une menace immédiate, mais il ne peut pas l’ignorer. Voici quelques pistes de réaction :
- Renforcer l’unité de l’Union sacrée
Plusieurs partis membres de l’Union sacrée sont minés par des conflits internes ou des ambitions présidentielles précoces.
Il doit :
Consolider son camp.
Rétablir la discipline politique.
Éviter les divisions qui pourraient profiter à l’opposition
- Contrôler la narrative
Ne pas réagir de façon agressive, mais plutôt :
Minimiser l’importance du conclave publiquement.
Promouvoir une image de stabilité et de gouvernance efficace.
Mettre l’accent sur ses réalisations et sa vision pour la RDC.
- Poursuivre les réformes clés
La meilleure réponse politique est souvent la performance.
S’attaquer aux dossiers sensibles (sécurité à l’Est, corruption, justice, économie, éducation) pour gagner la confiance populaire.
- Dialoguer ou neutraliser politiquement ?
Tshisekedi pourrait chercher à diviser les rangs du FCC en attirant certains anciens alliés de Kabila avec des offres politiques.
Ou, au contraire, utiliser les institutions judiciaires ou législatives pour limiter l’influence du camp Kabila (attention toutefois à l’effet boomerang).
Les conclaves de Nairobi représentent une tentative claire de résurrection politique de Joseph Kabila. Ce n’est pas encore une menace directe pour Félix Tshisekedi, mais cela marque le retour au jeu d’un adversaire redoutable et expérimenté.
Félix Tshisekedi, s’il veut préserver son pouvoir et sa légitimité, devra combiner consolidation politique, bonne gouvernance, et communication stratégique. Ignorer ce conclave serait naïf, mais y réagir avec nervosité serait une erreur tactique.
PRINCE KINANA
Président du MND
