Alors que la République Démocratique du Congo vacille sous la pression de la guerre à l’Est, une polémique enfle au cœur de la province de la Tshopo. En cause : le président de l’Assemblée provinciale, Mateus Kanga, accusé par des membres de la société civile d’ambiguïté politique, voire de compromission.

La mèche est allumée par une publication sur les réseaux sociaux. M. Kanga y partage la couverture du livre provocateur d’André Santini, « Ces imbéciles qui nous gouvernent et autres », assortie d’un commentaire éloquent : « Très intéressant à lire ». Un clin d’œil jugé déplacé, voire insultant, par de nombreux observateurs, dans un contexte de crise institutionnelle et de guerre hybride.

Mais au-delà du ton provocateur, c’est la succession d’attitudes controversées qui alimente le malaise. Le séjour prolongé de M. Kanga en Europe, à l’écart des réalités que vivent les Tshopolais balles perdues, viols, pillages, pauvreté suscite une incompréhension croissante. L’activiste Patrick Kabwebwe, figure bien connue de la société civile, dénonce et tire la sonnette d’alarme.

Plus troublant encore : des soupçons de proximité entre M. Kanga et quelques personnalités du M23. Une rumeur persistante, que le principal concerné n’a ni confirmée ni démentie. Dans un climat de suspicion et d’instabilité, ce silence alimente toutes les spéculations.

Face à cette levée de boucliers, Mateus Kanga tente de reprendre la main. Dans un message diffusé sur ses canaux numériques, il affirme :
« Voilà, sans trucage, ce que les Tshopolais m’ont demandé majoritairement : la fin de l’insécurité, le départ du gouverneur et du maire de Kisangani, un contrôle parlementaire sans complaisance, l’accès à l’eau, l’électricité, les routes, l’emploi pour les jeunes… »
Une tentative de repositionnement politique ? Ou une manière d’esquiver les critiques ?

La question demeure entière : Mateus Kanga agit-il au nom d’un sursaut démocratique, ou se livre-t-il à un populisme dangereux en période de crise ? Entre les mots qu’il choisit, les silences qu’il entretient et les compagnies qu’on lui prête, la ligne est de plus en plus floue.

L’État congolais, ébranlé par les infiltrations et les trahisons, n’a plus le luxe de l’ambiguïté. Et les institutions, toujours silencieuses face à cette affaire, risquent à terme de perdre plus que leur autorité : leur crédibilité.

Rédaction