Au moins une centaine d’enseignants issus de six groupements du secteur de Katoyi et d’un groupement de la chefferie des Bahunde, dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu), exigent le paiement de cinq mois d’arriérés de salaire. Dans un mémorandum adressé lundi 19 mai au gouverneur militaire de la province, ces professionnels de l’éducation dénoncent une situation devenue intenable.

Mécanisés depuis plusieurs années, ils affirment n’avoir perçu aucun salaire depuis le début de l’année 2025. Une situation qui les plonge, selon leurs propres termes, dans une précarité extrême, les rendant incapables de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.

Un système éducatif à bout de souffle

Leur porte-parole, Bertrand Ilunga, alerte également sur l’absence de frais de fonctionnement dans les écoles primaires et secondaires publiques. Résultat : les établissements ne peuvent plus se procurer les fournitures de base, telles que les craies ou le papier. Certaines écoles n’ont d’autre choix que de s’endetter auprès de particuliers pour continuer à fonctionner.

La situation est d’autant plus préoccupante que la zone concernée est enclavée et sous le contrôle exclusif d’un groupe armé, ce qui compromet gravement le bon déroulement de l’année scolaire. À terme, les enseignants redoutent une année blanche pour des centaines d’enfants déjà éprouvés par les violences et l’instabilité.

Une crise qui s’étend à d’autres territoires

Ce mouvement de protestation s’inscrit dans un climat de tension plus large au Nord-Kivu. Dans d’autres territoires comme Rutshuru et Walikale, des enseignants ont également lancé des grèves pour dénoncer le non-paiement de leurs salaires et primes. La société civile locale alerte sur le risque d’un effondrement progressif du système éducatif public dans la province si aucune solution durable n’est rapidement apportée.

MIKE MBUMBA