La réapparition du M23 plus de dix ans après sa première offensive n’a rien d’un hasard. Même Paul Kagame l’a rappelé récemment : « Ce problème existait en 2012, et il revient 10 ans plus tard… Pourquoi personne ne cherche à le comprendre ? »
Cette déclaration renvoie à un fait désormais difficile à ignorer : la fragilisation interne de l’armée congolaise et son infiltration progressive par des officiers issus de mouvements soutenus par Kigali.
Une infiltration construite durant 18 ans
Sous la présidence de Joseph Kabila, les FARDC et plusieurs institutions sensibles ont intégré des cadres venus du RCD-Goma, du CNDP et du M23, mouvements liés au Rwanda selon de nombreux rapports.
Ces intégrations ont permis la mise en place d’un réseau d’influence interne, touchant la logistique, le renseignement, les zones opérationnelles et même l’accès aux minerais stratégiques.
Conséquence : une vulnérabilité structurelle qui profite aujourd’hui au M23/AFC.
Tshisekedi n’est pas l’origine du conflit
La crise actuelle plonge ses racines bien avant l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir. Elle résulte :
- d’intégrations militaires non maîtrisées,
- d’arrangements politiques opaques,
- et d’une stratégie régionale à long terme.
Pourtant, certains acteurs politiques et religieux se concentrent sur l’actualité immédiate sans analyser les causes profondes.
Une opinion publique souvent orientée
Les interventions de personnalités publiques comme le Cardinal Ambongo, Corneille Nangaa ou Monseigneur Shole contribuent au débat, mais leurs lectures restent parfois partielles, oubliant les responsabilités historiques et géopolitiques.
Le vrai point d’interrogation
Comment un conflit apparu en 2012 peut-il ressurgir presque identique 10 ans plus tard ?
La réponse se trouve dans la continuité d’un système fragilisé et dans les influences externes qui exploitent ces failles depuis des années.
À retenir
- Le M23 n’est pas un phénomène spontané.
- Les fragilités actuelles découlent de décisions anciennes.
- La responsabilité est collective, mais elle remonte principalement aux années d’infiltration.
- La guerre de l’Est dépasse les cadres internes et nécessite une lecture historique et régionale claire.
Par Roland Ngoie Kiloka – Lobbyiste International
