Par Jonathan Suana, éditeur du Changement7.net
Alors que les Congolais espèrent voir la fin de la guerre à l’Est, un autre front semble s’ouvrir : une confrontation politique entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, deux figures qui ont pourtant marqué l’histoire récente du pays par la première passation pacifique du pouvoir.
Les tensions montent. Les camps se radicalisent. Les opinions se divisent. L’Union sacrée vacille sous les velléités de restructuration du Chef de l’État, tandis que Joseph Kabila, à travers une tribune publiée dans un média sud-africain, attaque frontalement le régime en place.
Un chef de l’État déterminé à ne pas négocier avec le M23
S’exprimant samedi devant les membres de l’Union sacrée, Félix Tshisekedi a réaffirmé qu’il n’y aura aucun dialogue avec le M23, qualifiant une fois de plus ce mouvement de “pantin” manipulé par des forces extérieures. Il a également dénoncé la trahison interne au sein des Forces Armées de la RDC (FARDC) et promis une refonte totale de l’armée afin de la rendre professionnelle et mieux prise en charge.
Vers un gouvernement d’union nationale et un remaniement politique
Sur le plan politique, le Président Tshisekedi envisage de former un gouvernement d’union nationale et d’opérer des changements majeurs dans la direction de l’Union sacrée, sa plateforme politique. Cette volonté traduit sa recherche de nouvelles stratégies pour faire face aux multiples crises du pays, en particulier la guerre à l’Est.
Mais son attaque directe contre Joseph Kabila, qu’il accuse d’être le commanditaire de Corneille Nangaa et du M23, marque un tournant dans cette rivalité politique.
Kabila contre-attaque et dénonce un régime répressif
Dans une tribune publiée dans un média sud-africain, Joseph Kabila ne mâche pas ses mots. Il qualifie les élections de décembre 2023 de mascarade, dénonçant une violation du cadre juridique et des normes internationales. Pour lui, ces élections ont affaibli artificiellement l’opposition, renforçant l’emprise totale de Félix Tshisekedi sur le pays.
L’ancien président critique ouvertement l’intention de changer la Constitution, qu’il qualifie de “revers démocratique majeur”. Il accuse également le régime actuel de museler l’opposition, d’exercer des intimidations, de procéder à des arrestations arbitraires et même à des exécutions extrajudiciaires. Selon lui, le Congo sous Tshisekedi s’enfonce dans l’autoritarisme.
Une fracture politique aux conséquences incalculables
Cette guerre politique naissante entre Tshisekedi et Kabila risque d’avoir des répercussions profondes sur la stabilité du pays.
1️⃣ Une Union sacrée en crise : Les tensions internes au sein du camp présidentiel pourraient fragiliser la majorité parlementaire et ralentir la mise en œuvre des réformes.
2️⃣ Une opposition éclatée : Entre les partisans de Kabila, les anciens barons de l’UDPS frustrés, et les leaders d’opinion critiques, l’opposition se cherche un nouveau cap.
3️⃣ Une guerre à l’Est toujours en cours : Alors que l’attention devrait être portée sur l’éradication du M23 et la sécurisation du territoire, les conflits politiques internes risquent de détourner les efforts du gouvernement.
Qui pour sauver la RDC ?
Le peuple congolais est pris en otage entre ces luttes d’influence. Pendant que les politiciens s’affrontent, la guerre à l’Est continue de ravager des vies, et les défis socio-économiques persistent.
La RDC a besoin d’une gouvernance axée sur des solutions concrètes, et non sur des querelles partisanes. Le véritable sauvetage du pays ne viendra ni de Tshisekedi ni de Kabila seuls, mais d’un leadership visionnaire, inclusif et patriotique.
Les Congolais ne veulent plus de promesses, mais des actes concrets. Le temps des confrontations politiques stériles doit laisser place à une véritable refondation nationale, pour un Congo fort, uni et prospère.
