Que tous ceux qui pensaient que Jean-Pierre Bemba était une figure politique dépassée se détrompent. À peine désigné par le président Félix Tshisekedi pour diriger la délégation congolaise aux pourparlers avec l’AFC/M23, l’ancien vice-président rebat déjà les cartes.
Pourtant, l’AFC/M23 s’était montré favorable aux négociations sous l’égide du président angolais João Lourenço. La médiation angolaise, appuyée par les sanctions de l’Union européenne contre certains membres du groupe rebelle et des personnalités rwandaises impliquées dans la crise sécuritaire à l’Est de la RDC, semblait ouvrir la voie à un dialogue constructif. Un communiqué du 17 mars 2025 listait même les participants désignés à ces assises.
Mais coup de théâtre : après l’annonce de la désignation de Bemba comme chef de la délégation congolaise, l’AFC/M23 change de posture et rejette les négociations. Coïncidence ou crainte d’un interlocuteur qui maîtrise parfaitement les enjeux sécuritaires de la région ?
Bemba, un choix qui dérange ?
Le refus de l’AFC/M23 soulève plusieurs interrogations. Si les sanctions européennes sont réellement la raison de ce revirement, pourquoi avoir attendu le dernier moment pour s’en inquiéter ? L’annonce de Bemba à la tête de la délégation congolaise a-t-elle changé la donne au point d’inquiéter le camp de Corneille Nangaa et ses alliés ?
Félix Tshisekedi a-t-il joué un coup stratégique en misant sur un homme qui connaît bien les rouages du conflit à l’Est ? Bemba, ancien chef de guerre et homme d’État, sait pertinemment ce que recherchent les groupes rebelles dans ce type de négociations. Son expérience, son pragmatisme et sa posture de négociateur aguerri pourraient bien mettre l’AFC/M23 dans une position inconfortable.
L’avenir des négociations en suspens
Le refus de l’AFC/M23 de s’asseoir à la table des discussions risque de compliquer davantage la situation sur le terrain. Kinshasa, désormais renforcé par les sanctions internationales contre les acteurs du conflit, pourrait durcir sa position. L’AFC/M23, quant à lui, prend le risque de s’isoler davantage en rejetant la médiation angolaise.
La RDC est-elle en train de reprendre l’avantage sur le plan diplomatique et militaire ? En tout cas, une chose est sûre : avec Jean-Pierre Bemba dans l’équation, la partie est loin d’être jouée.
Nous y reviendrons. Ce n’est que le début du commencement !
Jonathan Suana
