
Ce samedi à Kinshasa, le professeur émérite Isidore Ndaywel è Nziem, historien et membre de l’Académie Congolaise des Sciences (ACCOS), a tenu une conférence de haut niveau sous le thème « Les rébellions armées dans l’histoire contemporaine du Congo ». Organisée dans l’une des salles de conférence du CEPAS, cette rencontre a permis d’éclairer l’opinion sur les différentes rébellions qui ont marqué la République Démocratique du Congo depuis 1996 jusqu’à aujourd’hui.
Un panorama des rébellions dans le Grand Kivu
Au cours de son intervention, le professeur Ndaywel est revenu sur les principaux conflits armés qui ont secoué la région du Grand Kivu, mettant en lumière les causes, les acteurs et les conséquences de ces crises successives.
1. L’AFDL (1996-1997) : une rébellion aux multiples agendas
• Lancée sous la bannière de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), cette rébellion a conduit à la chute du régime de Mobutu Sese Seko et à l’avènement de Laurent-Désiré Kabila.
2. Le RCD et ses ramifications (1998-2003)
• Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), soutenu par le Rwanda et l’Ouganda, a marqué le début d’un conflit complexe ayant entraîné l’occupation d’une partie du territoire congolais et la fragmentation des forces rebelles en plusieurs factions.
3. La guerre de Bukavu (2004)
• Cette crise éclate avec la prise de Bukavu par le général Laurent Nkunda et Jules Mutebutsi, accentuant les tensions ethniques et politiques dans la région.
4. Le CNDP (2005-2006) : une rébellion sous influence étrangère
• Le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), dirigé par Laurent Nkunda, est une nouvelle insurrection pro-rwandaise qui sème le chaos dans l’Est du pays.
5. Le M23 (2012-2013) : le retour des tensions
• Formé par d’anciens éléments du CNDP, le Mouvement du 23 Mars (M23) revendique la non-application des accords de paix signés en 2009. Après plusieurs mois de combats, le mouvement est défait en 2013.
6. Le M23 Bis / AFC (2022 – ?) : une résurgence inquiétante
• Depuis 2022, le M23, désormais rebaptisé Alliance du Fleuve Congo (AFC), a repris les armes, plongeant à nouveau le Grand Kivu dans l’instabilité.
Un appel à la mémoire et à la vigilance
En retraçant cette chronologie des rébellions armées, Isidore Ndaywel è Nziem a insisté sur l’importance pour les Congolais de comprendre leur propre histoire afin d’éviter les erreurs du passé. Il a également rappelé les enjeux géopolitiques et les influences étrangères derrière ces crises, appelant à une prise de conscience collective et à l’unité nationale pour contrer les menaces pesant sur la souveraineté du pays.
Cette conférence a ainsi permis aux participants de mieux saisir les dynamiques des conflits armés en RDC, tout en soulignant l’urgence d’une solution durable pour la paix et la stabilité du pays.
Rédaction