Alors que le Rwanda s’offre une image glamour à travers des partenariats avec des clubs comme le PSG et Arsenal, des voix s’élèvent pour dénoncer un tourisme de façade financé par le pillage de la République Démocratique du Congo.
Depuis plusieurs saisons, les maillots du Paris Saint-Germain et d’Arsenal arborent fièrement le logo « Visit Rwanda », symbole d’une campagne touristique massive lancée par Kigali pour attirer les regards du monde entier. À première vue, cette initiative semble anodine, voire admirable : un pays d’Afrique qui investit dans son image, s’ouvre au monde et mise sur le tourisme pour son développement.
Mais derrière les projecteurs des stades européens et les spots promotionnels bien calibrés, une tout autre réalité se dessine : celle d’un pays accusé de jouer un rôle central dans l’instabilité de son voisin, la République Démocratique du Congo (RDC). Depuis des décennies, l’Est congolais est le théâtre d’un conflit multiforme, alimenté par les convoitises autour de ses ressources naturelles — coltan, or, diamant, cassitérite — essentielles à l’économie mondiale.
Des rapports onusiens, des ONG et des journalistes d’investigation ont à maintes reprises pointé du doigt l’implication du Rwanda dans l’exploitation illégale de ces minerais, parfois par le biais de groupes armés. Ces pillages massifs ne profitent guère aux populations locales, mais enrichissent ceux qui contrôlent les filières. Le Rwanda, en réinvestissant ces gains dans son image internationale, notamment à travers le football européen, tente de redorer son blason à l’échelle mondiale.
« Chaque gramme de coltan volé, chaque diamant arraché au sol congolais finance des campagnes publicitaires qui font oublier les larmes, les viols, les déplacements massifs de population », dénonce une coalition d’activistes congolais et africains. Leur message est clair : ces campagnes de communication ne sont pas neutres. Elles blanchissent un système de prédation qui saigne un pays déjà éprouvé par l’histoire.
Alors, face au silence assourdissant des clubs partenaires, des campagnes citoyennes se multiplient. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #CongoIsBleeding, #JusticeForCongo, ou encore #BoycottVisitRwanda attirent l’attention. Des vidéos TikTok virales montrent les contrastes entre les images polies des stades et la dureté de la vie dans l’Est de la RDC. Des visuels chocs sur Instagram comparent les sourires des stars du football aux regards vides des enfants déplacés.
Pour les militants, il ne s’agit pas de s’opposer au développement du Rwanda, mais de refuser une communication mensongère construite sur l’occultation de crimes économiques et humains. Ils appellent les clubs européens à une prise de conscience : promouvoir la paix, la justice et l’éthique devrait primer sur les contrats juteux.
Car derrière chaque maillot floqué « Visit Rwanda », c’est peut-être le cri d’un peuple oublié qui tente de se faire entendre.
✍️ Par Jonathan Suana
Changement7.net
