Mercredi, 31 janvier 2024, se confiant aux professionnels du média d’informations au centre de l’actualité en République Démocratique du Congo CHANGE7NET7.NET, le lobbyiste et stratège en investissement Patrick Onoya, a rendu public sa 25e tribune parlant de défis de la diversification de l’économie de la République Démocratique du Congo.
Selon ce stratège en investissement, le Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a établi six engagements pour la réussite de son second mandat.
Ci-dessous, le tribune du président de l’Asbl « Action Fatshi 2023 », lobbyiste et stratège en investissement Patrick T. Onoya.
1. Contexte du deuxième mandat du Chef de l’État
Le Chef de l’État ( réélu) Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a établi six engagements pour son deuxième mandat, parmi lesquels :
– l’engagement de créer plus d’emplois ainsi que
– l’engagement d’intensifier la diversification de l’économie congolaise.
Cependant, à quoi ressembleraient les défis qui l’attendent ?
Tel est la question à laquelle nous nous proposons de répondre dans cette tribune.
Mais avant tout, faisons un rappel sur un pan de l’histoire économique de la RDC afin de situer dans le temps notre problématique.
2. Économie d’exportation : héritage colonial de la RDC
Les travaux de Buelens et Cassimon renseignent que l’effondrement des cours du cuivre à partir de 1974 n’était pas un simple phénomène cyclique ( Voir la Figure No 1 : PIB réel par habitant du Congo et cours réel du cuivre ). Loin de là, il s’agissait d’un » déclin structurel « , car des produits alternatifs au cuivre gagnaient en importance.
Installé par la Belgique pendant la colonisation, le système économique congolais est resté intact de l’indépendance à nos jours pendant que l’économie mondiale a subi des » mutations « .
Par ailleurs, il faut noter que le succès de » l’économie d’exportation* » d’abord basé sur l’agriculture de rente et ensuite sur l’industrie extractive sur laquelle était fondé L’économie coloniale, faute de » mutation structurelle « , l’évolution du PIB réel par habitant du Congo Belge qui était en constante hausse durant toute la période coloniale était devenu régressif à partir de 1957 ( voir la Figure No 2 : Essoufflement du modèle de croissance extraverti ), soit trois ans avant l’indépendance, année où la structure économique de type » *extractive* » avait atteint ses limites.
3. Caractère structurant du secteur extractif
Le secteur extractif (produits miniers et hydrocarbures) est le secteur d’activité » structurant » de l’économie congolaise :
- Primo :* Sa part dans le PIB (au coût de facteurs) se chiffre à près de 30% en 2018, tandis que sa contribution à la croissance économique dépasse les 75% ;
- Secundo :* Son apport est quasi exclusif dans les exportations des biens (plus de 99% en 2018) ;
- Tertio :* Sa contribution dans les recettes courantes de l’État a avoisiné les 70% en 2018 ;
- Quarto : Sa part dans le volume des IDE entrant dans le pays est supérieure à 50% d’après l’ANAPI ; Cependant
- Quinto : Sa contribution au taux d’emploi ne représente que 24,49% en 2018.
Malheureusement, le secteur extractif a montré ses limites. D’où la nécessité » urgente » de la diversification de l’économie congolaise.
4. Les défis de la diversification de l’économie congolaise
Au regard du score peu élogieux du secteur extractif en termes de création d’emplois, soit environ 25% seulement contre 75% de contribution à la croissance économique, il va de soi que pour créer davantage d’emplois, il faut changer de fusil d’épaule : c’est à ce niveau qu’apparaît » l’agriculture « .
Par ailleurs, une étude d’un gouvernement passé a établi qu’un développement piloté par l’agriculture aura 11 fois plus d’effets sur le développement économique que celui piloté par les mines.
L’agriculture a l’avantage de se retrouver à la genèse d’une chaîne de valeur.
Ainsi, le Chef de l’État a donc raison de s’y intéresser.
Cependant, il faut s’attendre à relever quelques défis, parmi lesquels on peut citer :
- Défi 1 : Tenant compte du fait que l’agriculture occupe plus de 60% de la population congolaise, l’idéal serait que le gouvernement réussisse à mettre en place une politique qui favorise l’investissement des locaux dans l’agriculture.
Note :
Une analyse rétrospective des causes des échecs des programmes économiques mis en œuvre en République démocratique du Congo effectuée par Mutombo [3] met en évidence l’insuffisance des moyens financiers comme le filigrane de ces revers.
- Défi 2 : les multiples crises politiques et économiques qu’à connu la RDC de l’indépendance à nos jours ont carrément effrité le tissu industriel congolais ; ce qui rend la problématique du développement des producteurs et industriels congolais une préoccupation centrale. Pour notre part, ceci devrait se faire dans le cadre d’une » stratégie d’industrialisation par substitution aux importations » ;
- Défi 3 : sachant qu’il sera difficile de reconstruire le tissu industriel congolais sans une politique protectionniste suffisamment incitative pour développer le marché intérieur, le gouvernement devra se montrer suffisamment protecteur pour créer un cadre d’épanouissement des producteurs locaux.
C’est afin de contribuer à la réflexion sur la diversification de l’économie que nous avions développé le » modèle de croissance basé sur la création des effets de levier » baptisé » Modèle de ONOYA » que nous avions présenté à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université de Kinshasa dans le cadre des » vendredi de la recherche « . ( Voir la synthèse de l’article ci-dessous référence
5. Conclusion
Les défis auxquels seront confrontés le Chef de l’État et son prochain gouvernement seront de type » changement structurel « .
Il apparaît que depuis l’indépendance, aucun régime politique n’a réussi à s’attaquer à bras le corps à cette épineuse question de » mutation structurelle « . À savoir qu’un changement est qualifié de mutation dans la mesure où les modifications opérées sont profondes.
Ce qui rend la taille du défi que s’est lancé le Chef de l’État considérable, à savoir : » celui de la diversification de l’économie congolaise « .
Il importe donc que tout congolais apporte sa pierre à l’édifice.
Pour ce faire, il conviendra qu’il puisse exister un mariage parfait entre les politiques et les scientifiques afin d’assurer l’accompagnement qui convient à cette vision ambitieuse du Chef de l’État.
Pour finir, nous tenons à rappeler la nécessité de l’existence d’un « comité de structure économique » au sein du prochain gouvernement en plus de celui de la conjoncture économique pour le besoin de la cause.
ci-dessous, Patrick Onoya donne quelques références pour soutenir ses propos.
1. Jean-Robert Mpia Izampwe, » Recherche sur les causes de la régression économique du Congo « , Mémoire de Maîtrise, Université d’Ottawa / Ontario, 2022
2. https://www.unikin.ac.cd/index.php/modele-de-croissance-economique-fonde-sur-la-creation-des-effets-de-levier-modele-de-onoya/
3. Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, » Livre blanc : Mise en place d’un marché intérieur des valeurs du Trésor en R.D. Congo « , Weyrich Édition, Belgique, 2019
4. Frans Buelens, Danny Cassimon, « The industrialization of the Belgian Congo », Ewout Frankema and Frans Buelens(éds), Londres, 2013
Patrick T. ONOYA
Chercheur en Finance et Technologie
2 Commentaires
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