Milices, arrestations arbitraires, menaces… Les défenseurs des droits humains et journalistes en République démocratique du Congo paient le prix fort de leur engagement. La communauté internationale doit cesser de détourner le regard.
En 2024, la situation des journalistes d’opinion, des défenseurs des droits humains et de l’espace civique en République démocratique du Congo reste gravement préoccupante. Malgré la promesse d’un État de droit, les actes d’intimidation, de harcèlement et de répression ciblée se multiplient, dans un climat d’impunité alimenté par l’absence d’un cadre juridique robuste et d’une justice véritablement indépendante.
À Kinshasa, la milice « Force du progrès », proche du parti au pouvoir, l’UDPS, est accusée d’orchestrer des opérations de terreur contre les voix critiques du régime. Les rassemblements pacifiques sont systématiquement réprimés. L’espace démocratique se rétrécit dangereusement.
Entre la fin du premier mandat du président Tshisekedi et les élections du 31 décembre 2023, sept jeunes militants issus des mouvements citoyens ont été arrêtés lors d’un sit-in pacifique devant le Palais du peuple. Parmi eux : Fred Bauma, directeur de l’institut Ebuteli, et Bienvenu Matumo de la LUCHA. Emmenés par des hommes en civil, sans motif, ils ont été détenus illégalement dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR), subissant des traitements inhumains, privés d’avocats et de tout contact familial. Les militants Crispin Tshiya et Jean-Paul Mualaba ont subi le même sort, avant d’être libérés le 5 février 2024.
Cette vague de répression a poussé plusieurs militants à se cacher ou à fuir le pays. Mino Bopomi et Palmer Kabeya, figures du mouvement Filimbi, ont dû quitter la RDC pour échapper à l’arbitraire.
Selon le Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’homme (BCNUDH), 387 défenseurs des droits humains et 67 journalistes ont été victimes d’intimidations, de violences ou de représailles entre juin 2023 et avril 2024. Dans une déclaration alarmante, Mary Lawlor, rapporteure spéciale de l’ONU, a dénoncé la poursuite des assassinats, menaces et attaques contre les défenseurs, malgré les appels répétés à l’État congolais pour qu’il agisse.
Aujourd’hui encore, les menaces persistent. Des militants comme Tony Ndzoli, Kasongo Ilunga ou Emmanuel Mabunguta vivent sous pression constante. D’autres, comme Doris Kadima, Bill Honoré Mutombo et Maria Tsimba Lutete, ont dû s’éloigner de leurs proches en raison de leur engagement.
Face à cette situation, nous appelons la communauté internationale à sortir de sa torpeur. Il est urgent de mettre en place un mécanisme de réclamation interne conforme aux principes des Nations unies et de renforcer la pression sur les autorités congolaises afin qu’elles garantissent la sécurité et la liberté de tous les défenseurs des droits humains.
La démocratie ne peut exister là où règne la peur. Le temps du sursaut est venu.

Bill Honoré

Kasongo Gauthier

Emmanuel Mabunguta

Crispin Tshiya

Doris Kadima

Maria Tsimba

Fred Bauma

Bienvenu Matumo

Mino Bopomi

Palmer Kabeya
Changement7.net